:: Prologue ::



Surnom :
to Corax.


Age:
366 ans.

Race:
Xuhecors.

Illusion – il ne s’agit pas de chose que l’on peut voir ou entendre, mais seulement de sentiments. On croit qu’on est en colère, on croit qu’on aime, on croit qu’on a peur. Et quand bien même c’est absurde, on y croit…
Avec le temps, il l’a tellement fait qu’il n’a plus besoin d’autant de concentrations qu’avant. Il le fait sans effort, et il peut le faire sur plusieurs personnes en même temps… Disons cinq ou six. Après plus il y a de monde, moins c’est efficace. Et c’est facile à condition qu’il ne crée qu’une illusion pour tous, c'est-à-dire que tous seront manipuler par la même émotion. Tromper différentes personnes avec différents sentiments, c’est nettement plus complexe.

Un drôle de sabre en vérité, de la poignée duquel deux l’armes sortent, parallèles l’une à l’autre. Et comme il est bien connu que quand il s’agit d’inventer des machines à tuer, les êtres pensants sont très créatifs, un mécanisme tout à fait particulier permet de faire pivoter une des moitiés de la poignée (moitié dans le sens de la longueur, avec une des deux lames), pour obtenir après une brève manipulation quelque peu complexe, une double lame très efficace.
On arrête pas le progrès.

C’est que vous semblez bien curieux vous… Mon nom, mon âge, ce que je possède, ce que je fais, maintenant ce à quoi je ressemble ? Il faudrait voir à se calmer un peu, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre (si j’ose dire et pour parler crument). Personnellement, je trouve qu’il en a déjà été bien assez dit à mon sujet, alors si on en restait là ?

Par ailleurs mon apparence globale est assez banal. Deux mots me qualifient : simple et discret.
Il vous en faut plus, bien sûr… Mais il n’y a pas beaucoup plus à ajouter. Je suis vêtu de noir, entièrement. Pas un centimètre carré de ma peau n’est visible. Inutile d’entrer dans les détails, mes costumes différent peu les uns des autres : tissu léger, cuir souple rien de bien plus compliqué…
Ce qui me rend célèbre, c’est que quand je vous disais, tout à l’heure, « pas un centimètre carré de ma peau n’est visible », et bien c’était tout à fait sérieux. Pour être exact, pas un centimètre carré de ma personne n’est visible. Vous comprenez pourquoi mon apparence physique ne compte pas ? Je ne suis qu’une statue d’obsidienne, contrasté par un visage blanc au sourire diabolique et au regard vide.

Faut-il vraiment passer par là aussi ?
Cynique à souhait, j’aime faire de l’humour noir à tout bout de champ, et remballer les gens est un petit plaisir dont je ne me prive pas. Je me moque de tout et de tout le monde, mon vénérable et très aimé empereur ne faisant pas exception. L’avantage de pouvoir convaincre quelqu’un que quelque chose est drôle et que ça le fait rire… Enfin, le convaincre, c’est un grand mot. Il y croit, je ne lui en demande pas plus…
D’un certain point de vue, moi, je suis le bouffon du roi. Je peux tout dire : je ne risque rien. Si une seule chose, d’être découvert. Seulement le jour où ça arrivera, je n’aurais plus à me soucier de rien. Ce sera d’un reposant, j’espère presque y être bientôt. Et tout dire, je ne me gêne pas pour le faire. Je méprise pas mal de monde, pas mal de chose, et je le signale dès que j’en ai l’occasion. On fait difficilement plus langue de vipère que moi, et ma franchise, je crois que beaucoup s’en passeraient. Mais où irait le monde si l’on faisait toujours ce que les autres attendaient de nous ?

En dehors de ça, j’ai très peu de remords, disons que lorsque je fais mon devoir, j’estime être dans mon bon droit. Loyal ? Pas tellement, j’ai mes intérêts, c’est tout. Ce que j’aime et déteste, ça se résume, comme tout ce qui me concerne. Méprisant, sûrement. Intolérant et exigeant, aussi. Cruel, sadique ? Non. Je n’éprouve aucune forme de plaisir à agir comme je le fais.
Qu’ajouter pour finir ?
Peut-être ceci : je ne dis jamais ce que je fais, mais je ne fais rien qui ne puisse être dire.

Et l’apogée de l’indiscrétion… Vous m’aurez tout fait vous, seulement je ne suis pas sûr d’avoir répondu à vos questions comme vous vous y attendiez. On continue sur cette lancée ? Ca va de soi…

Je ne vous conterais donc qu’une partie d’une histoire, qui n’est pas vraiment la mienne par ailleurs. Disons que je suis l’un des personnages de ce récit, après quant à savoir lequel… Je ne crois pas que le début de mon existence soit réellement important. Bien sûr, il est en parti responsable de ce que je suis, mais… Seulement en partie. Mon passé n’est pas mon identité, loin de là. Si c’était le cas, croyez bien que je ne vous en livrerais pas l’ombre d’un passage…

Ce sera bref, car il y a peu à dire.
Tout a commencé il y a des années. Pas des dizaines d’années, mais bien des centaines. Le chiffre exact est sans importance, alors je ne m’attarderais pas dessus. De ce temps là, un xuhecor était, comme cinq autres l’étaient, garde du corps de l’empereur. Et comme eux, il servait et suivait l’empereur, lui appartenait corps et âme. La belle époque que voilà…
Tout s’est terminé lors d’une bataille, au pied des Trois Pics. Ce qui s’y est passé ? Rien de spectaculaire, ni plus ni moins qu’une défaite. Le xuhecor dont je vous parlais, il a été fait prisonnier. Avec une personne, un homme. Un autre xuhecor. Il n’était pas garde du corps, il n’était rien de plus qu’un soldat. Un simple homme dévoué à la cause de son empereur. Un de plus. Que de fidèles… C’était une belle époque. De beaux souvenirs pour les vieilles années…

Bref, être deux, c’est sans doute ce qui leur a sauvé la vie, car ensemble ils sont parvenus à s’enfuir… Emmenant avec eux une troisième personne, une femme. Dans une autre histoire, on arriverait sur un triangle amoureux qui se terminerait en drame. Dans celle-ci, il n’en ait pas question.
Amour oui, parce qu’elle était de ces gens sentimentaux capables de s’attacher au premier venu, pour peu qu’il soit séduisant… Et parce que lui, il était de ceux qui ne savent pas dire non à une jolie femme. Dommage que tous ces beaux sentiments soient incompatibles avec ce que l’on appelle communément le bon sens. Bien sûr on pourrait mettre en cause l’euphorie de la liberté retrouvée, mais je ne suis pas sûr que quoique ce soit puisse vraiment excuser une telle chose.

Sur le chemin du retour, une quatrième personne s’ajouta au groupe.

Revenus en territoire allié, ils jurèrent de ne jamais parler de la bêtise impardonnable de deux d’entre eux. Le premier xuhecor dont je vous ai parlé, prit la responsabilité de tout.


L’histoire est brève, nous en sommes déjà à la fin.
Ces quatre personnes sont toutes vivantes. Les temps ont changé, leurs statuts avec. Ils ne sont plus les mêmes, plus vraiment.
Quant à moi et bien… Je suis l’un d’entre eux.
Lequel ? C’est une très bonne question.