J'avais planté ma tente depuis une heure ou deux à peine. Le soleil commençait à descendre à l'horizon et le deuxième sortait le bout de son nez, parant de reflet bleuté le paysage. J'avais trouvé un coin très tranquille dans un petit bosquet que traversait le grand fleuve de Nincia. J'étais presque arrivée à l'embranchement du fleuve: d'un côté un bras qui partait se perdre dans le grand nord et l'autre qui bifurquait au sud-ouest pour rejoindre la mer Nerise. Je voulais me rendre en territoire Nerise justement. Et bien sur, j'étais du mauvais côté. Il me fallait donc trouver un endroit pour traverser. Mais pour le moment je ne m'en préoccupait pas plus que cela. J'avais dressé mon petit bivouaque caché entre les arbres et les buissons. Mes affaires sortis, je pris ma petite casserole et allais jusqu'à la rivière. Je profitais du voyage pour me débarbouiller et me laver les mains. Il y avait un coin plutôt tranquille où il était possible de se baigner mais je préférais attendre la nuit. J'avais encore les yeux sensibles, la nuit je pouvais y voir sans problème mais en journée j'avais besoin de mon bandeau ainsi que de l'ombre de mon capuchon. Casserole pleine d'eau, je retournais à mon campement.
Tout en mumumant un petit air, j'allumais un feu. Puis j'installais ma casserole au-dessus. En farfouillant dans mon sac je m'aperçus que j'allais bientôt devoir chasser. Je n'étais pas une pro mais je pouvais me procurer de quoi manger. Avec mon pouvoir, je savais garder une proie immobile le temps de lui donner le coup de grâce. Je n'aimais jamais ça mais il fallait bien manger... Et je doutais que tous les Nerises m'accueillent à bras ouverts pour partager leur repas avec moi.
Je versais une partie du contenu d'une outre de peau: de nombreuses graines rouge sombre tombèrent dans l'eau bouillante. J'y ajoutais des morceau de viande séchées ainsi que deux ou trois fruits secs. Une heure plus tard, j'avais un dîner parfait et en plus, le soleil terminait de se coucher. A l'ombre des arbres, je retirais mon capuchon et mon bandeau, dévoilant le vert intense de mes yeux. Ca faisait du bien de l'enlever.
Après avoir mangé tout en lisant un texte sacré sur un rouleau que j'avais pris avec moi, j’éteignis mon feu, rangeais mes affaires et partis vers le fleuve. Je comptais bien faire un brin de toilette. Je me trouvais un petit coin tranquille et commençais à me baigner en faisant le moins de bruit possible mais sans me presser. Après tout j'avais le temps, le bruit de l'eau couvrait le mien et personne n'allait venir m'embêter quand même ! La nuit, en pleine baignade, c'était peu probable que quelqu'un passe para ce coin désert et me voit. Quoi qu'avec ma chance...