Perché sur son rocher [libre]

Chef des Parias - Rang 3

C'était le moment idéal pour faire une pause. Le soleil principal était haut dans le ciel, et l'on atteignait cette heure de la journée où il était fortement déconseillé de s'exposer en plein soleil lorsque l'on avait la peau pâle comme Khis. Il avait de plus marché toute la matinée et commençait à avoir mal aux pieds. Et il avait faim. Parvenant au fleuve Nincia, dans une partie où quelques arbres formaient un lieu agréablement frais et ombragé, il décida de s'asseoir quelques temps et de manger un morceau.
Il se choisit un rocher au bord de l'eau, suffisamment plat pour pouvoir y être assis tout en repliant les genoux contre son torse, et s'y installa. Puis il sortit de son sac un morceau de viande qu'il commença à mâchonner d'un air pensif, savourant ce petit moment de calme. Le bruit de l'eau qui coulait dans le torrent était apaisant, et le jeune rôdeur se serait bien assoupi quelques instants après avoir fini de manger...
Les buissons remuèrent un peu plus loin. Quelqu'un ou quelque chose approchait. Khis mordit à nouveau dans sa viande, tout en observant attentivement les buissons, sans bouger. S'il s'agissait d'un animal, il faudrait éviter de l'effrayer, il n'était pas d'humeur à lutter contre un prédateur.
Quand à la probable rencontre avec un être plus évolué, cela ne l'inquiétait pas. Il se trouvait dans une zone soi-disant neutre, et il avait toujours réussi à s'en sortir face à des gens aux intentions belliqueuses. C'est pourquoi il attendait, tout simplement, perché sur son rocher, en mâchonnant sa viande, de voir si ce qui agitait les buissons allait finir par en sortir.

Rang 2

Noircir un peu cet endroit. Allonger cette forme. Un dernier glissement sur le morceau de toile rudimentaire. Je regardais mon dessin avec un sourire. Le résultat était au-delà de mes espérances même si certaines imperfections tachaient encore mon œuvre. Je les corrigerai quand je ferais la peinture à partir de ceci. Il vaudrait cependant mieux que je cache cette esquisse à mon supérieur. Après tout, on m’avait envoyé pour surveiller cet endroit et faire des croquis de zones pouvant accueillir de nombreux hommes. Pas pour mettre le ciel sur une toile.

M’étirant un peu en baillant, je pliais délicatement le dessin pour le mettre dans ma sacoche. Quel gâchis ce serait que de l’abimer après le temps que j’avais mis à le faire. Je me redressais sur mes pieds, mon regard balayant le paysage. Le calme de cet endroit et le miroitement du soleil sur l’eau me contentait à merveille. Bien plus que ne l’aurait fait un champ de bataille, le sang répandu et les cris des mourants.

M’enfonçant dans un bosquet, je me félicitais une fois de plus de l’efficacité de ma tenue. Comme éclaireur, j’étais excellent. Mes capacités m’auraient surement permis de participer à cette bataille pour la tour, allant vérifier l’avancée de nos ennemis. Mais … les doutes ont toujours planés au dessus de ma tête. Et comme en plus de ça, les opposants étaient des Aluïs, mon supérieur m’avait envoyé rapidement en mission avec dédain avant de recommander ses autres hommes. En somme, tout ce que je voulais. Avec un sourire satisfait sur les lèvres, je regardais un lapin détaler dans les buissons comme s’il avait un prédateur aux trousses.

*T’a de la chance mon grand, j’ai mangé récemment et mes provisions sont suffisantes *

Reprenant mon chemin, je débouchais hors du bosquet. Pour voir que je n’étais pas le seul à profiter des lieux. Mes yeux le fixèrent un instant.

*Hum … voyons voir … nan ce type ne me dit rien. Je me serais souvenu du tatouage. *

J’avançais vers lui en le détaillant. Jolies bottes. Et très remarquable avec ça. Est-ce qu’il les avait choisis pour une question d’esthétique ou pratique ? La chose n’était certes pas vraiment important mais elle valait au moins de se le demander. Je m’arrêtais à une distance raisonnable pour éviter d’effrayer cet homme. Les réactions de chacun variaient tellement face à un homme en arme. Les insultes, les attaques, la fuite, … de quoi donner un peu d’imprévu aux rencontres. Ce qui plaisait.

- Salut à toi, un petit pique-nique par cette chaleur ? C’est toujours plus plaisant que de marcher. Surtout par ce temps. Heureusement que je ne suis pas très sensible aux coups de soleil d’ailleurs sinon je serai resté sous mon arbre.

Ce n’est pas mon ami ? Je sais mais parler de temps en temps n’est pas un mal. Et les attitudes agressives ne me vont pas. Cela me perdra certainement un jour mais jusque là, je continuerai. Un oiseau fit retentir son chant non loin pour le plus grand ravissement de mes oreilles.

[HRP] Si tu préfères être masqué, dis le moi et je modifierai mon post [/HRP]

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[ hrp : aucun souci, si j'avais été masqué, je l'aurai noté ^^ ]

Ce n'est pas un animal qui sortit des buissons, mais bien un homme, un homme grand, blond, tout de blanc vêtu... L'opposé total de Khis qui était petit, brun et aux vêtements sombres. Les deux hommes se jaugèrent, se détaillant du regard l'un l'autre.
Khis tenta de deviner de quelle race il faisait partie : ce n'était pas un paria, tout du moins pas un du village, il aurait retenu sa tête. Ses mains étaient normales, cinq doigts à chaque, et pas de membrane reliant les phalanges. Ni un Pys, ni un Nerise. Il restait encore trois races exploitables, en admettant qu'il n'était pas un sang-mêlé. Un coup d'œil à la ceinture lui permit de repérer deux épées.

L'homme s'arrêta à une "distance de sécurité". Bien. Au moins il ne faisait pas partie de ces stupides guerriers au sang chaud qui bondissent arme au poing sur tout ce qui bouge. Comme il n'affichait aucune attitude belliqueuse, Khis n'esquissa aucun mouvement autre que celui de continuer à mâcher nonchalamment sa viande.
Alors le blond lui parla, abordant le sujet de conversation que tout le monde aborde lorsqu'il n'y a rien de spécial à dire : la météo. Khis esquissa un sourire et haussa les épaules, puis il écarta les bras, paumes vers le ciel pour désigner l'endroit où il se trouvait, et il répondit :

C'est pour ça que je reste à l'ombre ! J'ai la peau fragile.

Ce fut tout ce qu'il dit. Il attendait de voir comment l'inconnu aux cheveux d'or allait réagir, s'il allait se décider à avancer ou à lui poser de vraies questions.

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Une réaction et des paroles amicales ! Cela m’arrangeait. Je n’avais aucune envie de me battre pour le moment et une bonne discussion me manquait. L’homme ne faisait pas partie de ma race mais j’avais appris depuis longtemps à ne pas faire le difficile quand à mes correspondants. J’avançais encore de deux pas de manière naturelle.

- Tu vas rester là un moment. Le temps n’a pas l’air de vouloir se couvrir.

Je ramassais une petite branche sur le sol et la fis rouler entre mes doigts. Mais de quelle race était-il au juste ? J’hésitais entre trois d’entre elles : Xuhecor, Aluïs ou Psy. Sans oublier les mélanges. Dans tous les cas, ça revenait au même. Dans mon esprit en tout cas.

- Apparemment je dois me présenter le premier ? Illian Maleros. Tu peux attendre d’avoir fini de mâcher pour me répondre ne t’en fais pas.

Je n’avais pas parlé d’un ton désagréable. Mon sourire était toujours présent après tout. C’était juste ma manière à moi de briser la glace. Malheureusement, souvent, cela brisait aussi la sympathie qu’on pouvait me vouer. Allez savoir pourquoi … Je tapotais la garde d’une de mes épées en plongeant mon regard dans le sien.

- Je suppose que vu l’endroit où nous sommes, tes outils dans le genre de ceux-ci ne doivent pas être bien loin. Je préfère que les miens restent au fourreau et que ma langue continue de s’activer si ça ne te dérange pas.

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Le blond lui répondit très poliment, et se présenta. Le nom ne lui disait rien et n'annonçait pas plus de quelle race il était. En même temps, ce n'était pas le genre de chose que l'on annonçait ouvertement dès le début d'une rencontre, à cause du risque de tomber sur un ennemi. Khis nota que cet Illian était courtois et qu'il n'était pas dénué d'humour. Il remarqua également son geste de jouer avec une petite branche, détail qui pouvait sembler anodin, mais que le paria nota tout de même.
Khis termina sa viande avec un air nonchalant, il ne semblait pas du tout inquiet, comme s'il discutait avec un vieil ami.
Lorsqu'Illian lui parla d'armes, il écarta l'un des pans de sa cape, dévoilant un tabard violet sombre, mais aucune arme apparente.

Je n'ai rien à portée de main, et tant mieux si ça peut rester ainsi.

Restant obstinément assis en hauteur sur son rocher, il se contenta d'un signe de la main en guise de salutation lorsqu'il se présenta :

Graman. C'est mon nom, pas un borborygme dû à une mauvaise toux.

Difficile de savoir s'il était sérieux ou s'il plaisantait. En fait, il semblait complètement détaché de ses propres paroles, et conservait une attitude détendue.
Il le fixa quelques instants, se demandant ce qu'il pourrait bien ajouter. Cet homme n'était sans doute pas là par hasard, il devait avoir quelque chose à faire aux abords du fleuve. Un simple ravitaillement en eau peut-être ? Ou un désir de se baigner ? Ou une mission plus importante, quoi qu'il en soit ce n'étaient pas ses affaires.

Fais ce que tu as à faire surtout, te préoccupe pas de moi. A moins que tu tiennes à faire "connaissance".

Il appuya le dernier mot en levant ses index et majeurs et en les pliant et dépliant, marquant le symbole des guillemets.

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Graman donc. J’avais maintenant un nom à associer à ce visage tatoué. Il ne me disait absolument rien mais c’était mieux que le mot inconnu. En tout cas, il ne semblait pas vouloir descendre de son rocher. Peut être fatigué après tout. En tout cas, j’avais esquissé un sourire amusé en l’entendant répondre au sujet des armes. Et à quoi pouvaient-elles bien servir alors ? Une arme hors de portée, en étant seul dans ces contrées, signifiait rarement qu’on allait survivre plus de deux jours. Je ne fis cependant aucun commentaire.

Alors qu’il se taisait à nouveau après m’avoir enjoint à vaquer à mes occupations, je marchais vers l’arbre le plus proche. Mon dos se posa contre la solide écorce. Je pris une mine pensive en l’observant un peu mieux. Plus petit que moi. Des cheveux aux reflets obscurs. Le fameux tatouage. Deux perles d’acier en guise d’iris. Ma mission pouvait attendre. Je préférais estomper en partie le mystère autour de cet homme.

-En fait, ce que je suis venu faire ici, n’est pas urgent. Les paysages ne vont pas s’envoler et qui sait, faire « connaissance » avec toi me permettra de voir un phénomène que je n’aurais jamais pu voir autrement. Ou l’inverse.

J’imitais son signe des mains en prononçant le même mot puis tapotais la sacoche accrochée à ma ceinture où reposaient mes créations.

-De toute manière, j’ai déjà pu réaliser quelques dessins ces derniers jours. Je peux m’autoriser une pause. Si ça ne te gène pas de discuter bien entendu.

Croisant les bras, j’affichais une mine plutôt encourageante. Je n’étais pas spécialement sur mes gardes, plutôt paré à user des mots que de l’épée. Et cette entrevue rallongerait encore mon excursion. Que demander de mieux ?

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Ah, là ça commençait à devenir intéressant. Le blondinet acceptait de faire connaissance et de discuter un peu, et une discussion subtilement menée pouvait permettre d'apprendre beaucoup de choses. Il dit tout d'abord une phrase énigmatique lorsqu'elle était sortie de son contexte, affirmant que le paysage n'allait pas s'envoler. Khis fut tenté, à ce moment précis, de faire en sorte qu'un rocher ou un arbre se mette justement à léviter devant les yeux ébahis du blond, mais en fin de compte il se retint. Il voulait d'abord en savoir plus sur lui, avant de se dévoiler lui-même. Ce fut une bonne décision d'ailleurs, puisque par la suite Illian précisa qu'il réalisait des dessins, ce qui amena Khis à comprendre qu'il dessinait des paysages, d'où l'expression mystérieuse qui de facto ne l'était plus.

Les yeux gris du paria étincelèrent soudain et il parut beaucoup plus vif, s'intéressant à présent à la conversation. Il se mit dans un premier temps debout sur son rocher, puis dans un bond agile en sauta pour atterrir sur la terre ferme, proche du blond. Lorsqu'il se redressa de toute sa hauteur, il vit effectivement qu'il était beaucoup plus petit que l'autre, vu qu'il ne mesurait que dans les 160 centimètres. Mais cela lui importait peu : il leva la tête vers lui, et s'exclama, haut et fort et avec enthousiasme :

Un artiste !
Que c'est rare en ces temps si sombres !
Je peux voir tes dessins ? J'aime beaucoup l'art, je le pratique un peu moi-même, mais en général ma forme d'art ne plaît pas.

Ce n'était plus le même homme. Lui qui jusqu'ici s'était montré très distant et plutôt froid, il avait à présent les yeux qui pétillaient, comme un enfant, et il se tenait très près du blond, comme s'il oubliait toute prudence et ressentait soudain une grande joie de vivre.